Le 20 août 2023, j’installe mon atelier à l’étage de l’Abbaye de Maubuisson, dans le Val d’Oise. Pendant trois mois, je m’imprègne des lieux, explore de nouvelles techniques, de nouveaux formats. D’abord, l’imaginaire s’ouvre aux présences qui intriguent : les façades silencieuses de l’abbaye, les manques qui apparaissent dans ses murs, mais aussi les taillis d’herbes sauvages, les chemins tracés, le petit bout de ciel qui venait jusqu’à l’atelier par le vélux élevé. Puis vient un moment de repli, où l’appropriation de ces émotions s’inscrit dans un temps plus lent, où l’on croit souvent trahir le sentiment original, tandis que ce n’est plus une affaire de représentation, mais de sensation.

Des techniques rythment et organisent ces sensations. La poudre graphite, dont l’utilisation par couches successives permet d’évoquer la rugosité d’un mur ou les palpitations d’un sol. L’aqua- relle et le stylo-bille confèrent à l’image de la grotte une présence charnelle et molle. Le stylo-bille utilisé souvent seul dans l’évocation d’une ruine qui tremble encore, fume et s’effrite doucement. Le monotype - technique d’impression unique à partir de l’usage d’encres grasses sur une plaque de verre - associe l’aléatoire de la dilution et le contrôle du pinceau, pour plonger dans des univers nébuleux.